L’ultra-libéralisme est anti-démocratique. La preuve en a été donnée par le gouvernement grec avant même qu’on lui demande de l’infirmer. En effet, ce gouvernement de droite, élu après 5 ans de pouvoir du parti de gauche Syriza, a décidé ce mois de septembre dernier une augmentation de capital de l’entreprise publique de fourniture d’électricité (ΔΕΗ) de façon à ce que l’état n’y soit plus majoritaire (il ne lui resterait que 34% du capital). Les partis de gauche et les syndicats, même celui lié à la Nouvelle Démocratie au pouvoir ont dénoncé le bradage d’un instrument de politique publique à un moment de crise et de renchérissement du prix de l’électricité.
Déjà du temps de Syriza le gouvernement d’Alexis Tsipras faisait passer dans la loi grecque les directives européennes sur la concurrence « libre et non faussée » en matière de distribution d’énergie, et particulièrement, d’électricité. L’objectif affiché était de faire passer la part de marché de la ΔΕΗ de 100% en 2016 à moins de 50% au premier janvier 2020 au moyen de la mise aux enchère de tranches de sa production (méthode d’inspiration française) à prix cassé fixé par l’état. Mais en août 2021, cette part était encore de 64,37%. Le peuple grec préfère donc avoir à faire avec une compagnie publique d’électricité plutôt qu’à une privée, ce qui peut se comprendre en période de crise. Et ceci n’est pas de la politique, c’est le sacro-saint marché lui-même qui l’a montré. C’est donc en toute démocratie que le peuple grec a voté en continu pendant 5 ans pour le service public, et c’est en toute dictature que le gouvernement grec veut lui imposer les compagnies privées.
L’ « idéologie » qui est derrière cette politique économique soit-disant libérale est celle de la rapine du bien public par des individus, le contraire d’une politique qui renforce le lien social, le contraire de la construction d’une société, le contraire de la civilisation.
Frédéric Bendali