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Les élections législatives de 2023 en Grèce ou la démocratie vidée de son sens

Le peuple grec vient d’élire une assemblée où le parti qui gouvernait le pays aura une majorité renforcée par rapport à l’assemblée sortante. 50 sièges en plus sont accordés au premier parti, un premier vote le 21 mai n’ayant pas donné de majorité. Ce parti est la Nouvelle Démocratie, bien de droite, avec pour ce gouvernement encore des ministres nostalgiques de la junte des colonels, comme celui du travail, Antonis Georgiadis, précédemment à la Santé après être passé par l’économie, dont une activité professionnelle avant d’être ministre était de vendre des livres de délire nationaliste pas chers à la télévision. La Nouvelle Démocratie a reçu dans le pays 40,55% des 52,82% de votants, ce qui fait 21,4% des inscrits. La même représentativité rappelle l’élection d’Emmanuel Macron. Le reste des voix s’éparpille à gauche et à l’extrême droite : 17,84% pour Syriza (socialistes « radicaux »), 11,85% pour le fantôme du PASOK (socialiste), 7,69% pour le Parti Communiste (pur et dur), 4,64% pour les « Spartiates » (affiliés à Chrissi Avgi, neo nazis), 4,44% pour Solution grecque (extrême droite), 3,69% pour Victoire (extrême droite), et 3,17% pour Route de la Liberté (Syriza historique). Une consolation dans ce désastre électoral est l’entrée pour la première fois au parlement de ce dernier parti, fondé par la présidente du parlement avant le référendum de 2015, Zoé Konstantopoulou et ayant quitté Syriza depuis. En fait la Nouvelle Démocratie n’a même pas progressé de 1% entre 2019 et 2023, mais par contre, Syriza a perdu 13,7% de suffrages, au bénéfice du PASOK (+3,75%), du PC (+2,39%) et du reste.

Ni l’abolition de justificatifs pour la rupture de CDI par les patrons, ni la non augmentation des effectifs aux urgences pendant la pandémie de COVID, qui a causé le plus grand taux de décès pour cela en Europe, ni la privatisation de la compagnie nationale d’électricité alors que le peuple ne décidait pas à passer de l’opérateur national au privé de son plein gré, ni la menace de privatisation de l’eau, ni l’incendie des forêts de la moitié de l’île d’Eubée (la deuxième du pays par la taille) alors que le vent était quasiment nul, ni la mise sur écoute tout azimut, y compris de la sœur du premier ministre, ni la responsabilité du gouvernement dans le pire accident de train de l’histoire du pays par sa non volonté d’entretien n’ont entamé la certitude que rien ne pouvait changer dans le destin du pays chez ceux qui ont voté pour la Nouvelle Démocratie et ceux qui sont allés à la plage pendant les élections.

Peut-on en vouloir au peuple grec qui, dans sa majorité, soit par peur d’être à nouveau asphyxié par les instances européennes, soit par découragement d’être à nouveau déçu par Syriza (dont le président, Alexis Tsipras, a démissionné) s’est laissé dérivé au courent qui « avance audacieusement vers l’avant » (slogan principal de la Nouvelle Démocratie pendant la campagne électorale.)

La vie démocratique dans l’Union Européenne est réduite à un simulacre quand seul le néolibéralisme doit y être appliqué, malgré son échec global patent.

Frédéric Bendali

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