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La guerre aux français pauvres à l’étranger

la guerre aux français pauvres à l’étranger

Brigitte* touchait 475,92 € par mois à Athènes. Le Smic ici est à un peu plus de 700 €. Elle a 76 ans et vit seule. Le loyer et les charges mensuelles (avec l’eau et l’électricité) lui reviennent à 360 €, et il lui restait donc 115 € pour manger. Ce qu’elle recevait au début de cette année provient d’une retraite minimum française, soit 193 € et d’une Prestation d’Assistance Consulaire (PAC) existante seulement dans les pays de l’UE, de 282,92 €. Elle attendait cette allocation de solidarité et a promis de payer le loyer au propriétaire après l’avoir reçue. Le 9 avril au soir elle apprend que cette PAC sera amputée de la moitié, et effectivement, ce mois d’Avril elle n’a plus de quoi manger puisqu’elle n’en touchera que 165,47 €, 117,45 € de moins.

Comment en est-on venu là ? Eh bien c’est la conséquence des coupes budgétaires soudaines de M. Lemaire répercutée le 15 mars au Ministère des AE. Parmi les postes touchés il y a une subvention aux associations françaises à l’étranger et cette PAC. Son plafond doit être amputé de 25% tous les ans jusqu’à disparition. Mais pas de problèmes, les victimes ne seront que collatérales. Le prétexte de cette réduction de la PAC est que les personnes vivant en UE doivent être aidées par le pays hôte. Pour la Grèce il y avait une exception due à la crise. Après tout l’UE avait étranglé ce pays pour faire un exemple de punition en cas d’indiscipline budgétaire, et son pouvoir étant collégial, il était normal que le gouvernement français compense un peu l’austérité imposée à ses ressortissants en Grèce. A présent les gouvernements de l’UE considèrent-ils que la Grèce vit actuellement un miracle économique l’ayant hissée à l’avant-dernière place de l’UE pour le PIB par habitant ? L’état n’a aucune considération pour Brigitte, mais le consulat de France d’Athènes, lui-même peut être pris de court, n’a prévenu qu’au 9 avril les prestataires qu’il faudra qu’ils choisissent de payer leur loyer ou de se nourrir. 

Voilà, est-ce que tous ceux qui trouvent que “l’assistance sociale c’est un pognon de dingue” connaissent la vie de Brigitte ? Elle a toujours été une battante, elle a même mis toutes ses économies dans une entreprise française de placement juste avant la crise des subprimes, « commercial value », qui a fait faillite comme beaucoup. Les plus pauvres d’entre nous ne sont pas des indiens de Guyane, mais ceux qui ont cru au mirage capitaliste et qui en sont victimes. C’est normal, pour qu’il y ait des gagnants il faut des pigeons. M. Le Maire veut réduire les déficits en supprimant la raison de prélever l’impôt, et cette raison s’appelle solidarité nationale. Mais bien sûr, la solidarité nationale ne marche que dans un sens pour les thatchériens, celui de crever pour les riches.

Le Rassemblement National joue sur le sentiment de destruction de la nation qui est une structure de solidarité ancienne ayant fonctionné pendant de nombreuses décennies. Voyant le pourcentage annoncé à ce parti pour les Européennes, on mesure le nombre de Français touchés par la doctrine économique thatchérienne néolibérale qui est toujours celle de tous les gouvernements depuis Mitterrand. C’est un échec patent, la Gauche réformiste doit abandonner cette doctrine et revenir à la planification, surtout devant les défis écologiques. Le Rassemblement National reçoit des intentions de vote en partie parce que les « socialistes » ont trahi la nation. Et si on faisait une nation de gauche ? C’est un des buts de la CISE.

*Nom d’emprunt

Frédéric Bendali

24 avril 2024

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