La proposition de loi du gouvernement sur le «séparatisme», peut sembler tout droit issue du jacobinisme bien pensé. La France moderne est, en effet, même si elle est réellement fondée entre 1880-1890, une nation qui tire son essence de la Révolution de 1789, égalitaire en principe, qui coule toute identité dans une nation nouvelle, liée à l’espace national, une langue unique et un Etat Républicain. Cette nation fut d’ailleurs l’inspiration de tant d’autres de par le XIXème siècle. Ce dernier siècle vit d’ailleurs se préciser les attributions de l’Etat: Code civil, Grandes Ecoles (Pendant la dictature de Napoléon Bonaparte), Education Nationale, laïcité, et enfin les grandes nationalisations et la Sécurité Sociale après 1945.
La laïcité, c’est-à-dire la séparation de l’Eglise et de l’Etat voulue et établie par le gouvernement de la IIIème république dans les années 1880 avait pour but d’en finir avec l’influence de l’Eglise catholique dans les rouages de l’Etat et l’Education Nationale. Mais cette laïcité ne fut pas imposée du jour au lendemain pour ne pas créer de tensions au sein de la nation. Jules Ferry avait d’ailleurs demandé dans sa «lettre aux instituteurs» de ne pas choquer les enfants et les crucifix ne disparurent que des bâtiments neufs. La loi de 1905 sur la laïcité stipule dans son article 1: «La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes». Cela peut se lire comme une défense contre le catholicisme ou l’islam, mais cela doit surtout s’interpréter comme une protection contre tout totalitarisme, y compris un totalitarisme matérialiste.
Le gouvernement actuel cherche à revenir sur ce qui fonde la nation Française par le biais de la privatisation : privatisation des grands axes économiques stratégiques, privatisation rampante de la santé et même de l’éducation. La langue et la culture françaises sont malmenées, regardées comme ringardes davant la clinquante Amérique. C’est dans ce contexte qu’il faut voir cette proposition de loi qui instrumentalise l’affirmation de sa culture d’une partie de la nation. Elle ne vient pas après l’assassinat de Samuel Paty par un fanatique musulman, mais était destinée bien avant à séparer le peuple qui s’était retrouvé ensemble à porter des gilets jaunes, quelque soit sa religion, pour défendre les valeurs fondamentales qui ont fait la France, dans un esprit unitaire et révolutionnaire, l’esprit de la France. C’est cet esprit unitaire que défend la CISE, pas celui d’une France de retour au temps des croisades.
Frédéric Bendali