Le drame qui a fait 27 victimes dans la Manche le 24 novembre 2021 montre une banalisation de l’injustice. 27 migrants ont tenté leur chance pour fuir un « pays d’accueil » dont l’accueil est sujet à caution. Il y a encore quelques années, un tel drame aurait fait la une des journaux. Les groupes de pression de la société civile auraient pointé du doigt les responsables pour demander des démissions, celle du ministre de l’Intérieur au premier chef.
Mais non. Force est de constater que nous nous sommes habitués à la fatalité qui touche les plus démunis autant qu’à des éléments de langage. Comment se fait-il que les médias dominants, voire l’opinion publique acceptent l’argument officiel qui rejette la responsabilité du drame sur les passeurs ? Que dire de la politique d’asile française et européenne, du non-accueil de ces migrants dans des conditions indécentes ? Des rescapés ont expliqué que leur embarcation avait été prise en étau entre les marines française et britannique, les deux se jetant mutuellement la responsabilité du secours. Honteux. Insupportable. Et rien.
Est-ce que nos autorités, et nous-mêmes par ailleurs, sommes devenus à ce point insensibles qu’il n’y aura aucune « réaction » dans l’opinion ? Est-ce que les Français comme les Britanniques tout comme les Européens acceptent le discours officiel des « crises migratoires » ou des tentes lacérées par erreur pour ne pas prendre leurs responsabilités morales ? De la Méditerranée à la Biélorussie, des migrants risquent leur vie parce qu’ils n’ont pas le choix. Face à un vent mauvais qui prend de l’ampleur, la C.I.S.E. affirme sa solidarité avec les migrants, tous les migrants, d’autant que nous aussi en tant que Français de l’étranger nous sommes des immigrés – mais auxquels on épargne le traitement des réfugiés de Calais.
WG